Date : Eté 2001 Equipage : Ma fille, moi, et quelques rêves... Durée : 2 mois, dont plusieurs jours de train. Itinéraire : Traversée du Finnmark (la partie Norvégienne de la Laponie) depuis Alta jusqu'à Kaaresuvanto (Finlande). Manière de voyager : à pied en poussant un chariot contenant enfant et bagages. |
Laponie : récit de voyage. |
![]() |
![]() |
||
Comment décrire la Laponie? Comment décrire mon voyage en Laponie? Seul ou presque, avec ma fille, des jours et des jours et des jours et des jours... les semaines n'existe pas pendant notre voyage, pas plus que les mois, les heures, les nuits... c'est un jour qui se répète indéfiniment chaque réveil, un jour qui passe, comme nous passons sur les chemins, un jour comme l'eau des rivières, qui revient chaque jour le même. Un jour clair, pluvieux, venteux. |
![]() |
|
![]() |
||
![]() |
||
Il fait beau. Enfin... disons qu'il ne pleut pas trop. Je me lève tôt, mais ne réveille pas ma petite fille. Elle l'est déjà (elle me saute dessus depuis un petit moment). Petit déjeuner : céréales, lait concentré et cacao (1/3 1/3 1/3). Nous partons vers neuf heures. Heureusement, car à neuf heure et demi, il pleut... Mais maintenant que nous sommes en route, ça ne fait rien, toutes les affaires sont à l'abri. Ma fille aussi, sous la capote transparente du chariot. Elle a de la chance... Pour monter à coté d'elle, il me faudrait un chariot plus grand; avec des vitres. | ![]() |
|
Nous somme le mardi 31 juillet 2001,
et nous dirigeons vers le gite de Joatkajavrri. Ça monte.
Ce truc c'est super lourd dans les côtes! Nous sommes
presque en haut... Nous sommes en haut. Ouf! Yen a une
qui s'en fiche completement que l'on soit en haut ou en
bas. C'est pas elle qui pousse. Mais en haut, plus de chemin, des pierres partout, de l'eau partout, des ruisseaux partout... c'est nul. Je me rappelle les paroles de la gardienne du gîte, qui avait l'air gentille au téléphone: "No problem, it's a good road, you can also go by car." |
![]() |
|
![]() |
||
... j'apprends donc à mes dépends que "car" dans cette région signifie "quad" dans mon langage. Il n'y a guère que ces engins qui troublent parfois le silence ici, guidés par quelques gardeurs de Rennes ou de moutons. On nous conseille en anglais approximatif de bifurquer approximativement par le Nord Ouest afin d'éviter les marécages. Même les quads s'y enlisent... sans parler des moustiques... des marécages... j'hésite presque à déjà faire demi-tour, je me sens ridicule avec mon engin inadapté au milieu de cette pierraille. Il faudrait être à pied. | ![]() |
|
![]() |
||
![]() |
||
Mais bon! Plus loin, ça
va mieux, le terrain devient de plus en plus favorable (et
sec), nous découvrons même une sorte de chemin façonné
par de robustes 4x4 tasseurs de mottes. De nombreux lacs brillent comme le soleil au milieu des plateaux herbeux et déserts. Il n'y a plus un arbre. Le paysage magique m'enivre, il fait presque beau par moment, nous marchons en chemise. |
![]() |
|
![]() |
||
![]() |
||
![]() |
||
Ma fille dort un long
moment dans le roulis de la calèche. Nous arrivons enfin
proche du refuge de Joatkajavrri, que nous surplombons.
C'est un bel endroit : au fond d'une vallée, entre deux
lacs, sont disposées plusieurs maisons et maisonnettes
rouges et blanches, sur le fond de l'herbe verte (voir
photo). Cependant, nous n'y descends pas. Je vois un autre refuge sur ma carte, un refuge non gardé, qui ne semble pas très loin... et nous ne sommes qu'au milieu de l'après-midi. Nous continuons donc vers le Nord Ouest, vers les plateaux. Je marche un long moment. Je n'ai plus envie de cesser de marcher. |
![]() |
|
![]() |
||
![]() |
||
![]() |
||
Mais le chemin, de nouveau, disparaît, laissant place à des monticules de pierres. Je continue, crapahutant dans la pierraille, contournant les lacs, vers un refuge qui toujours ne doit plus être très loin..... Aucun chemin ne réapparait plus. Le vent se lève. Il pleut. Ma fille a faim, elle commence à pleurer. Je commence à avoir peur. Ce vent, cette immensité chaotique... Il n'est plus question d'aller plus loin. Je donne un morceau de pain à ma fille. Je ne peux même pas planter ma tente ici, il n'y a que des pierres et de l'eau, et tant de pluie et de vent... Je dois revenir à Joatkajavrri. Tant de chemin pour rien! Et ma fille qui pleure, ça, c'est pire que tout, pourquoi l'ai-je emmené ici? | ![]() |
|
![]() |
||
![]() |
||
![]() |
||
Trois quads et une moto-cross trônent à l'entrée du gite de Joatkajavrri. Elle nous acceuille. Elle est surprise que je parle quelques mots de Same. Elle allume le poèle de notre chambre, à l'aide de gestes calculés et d'écorces de bouleau. Elle est ravissante. Cette vieille dame qui nous acceuille est vraiment ravissante. Je ne sais pas, les gens de la montagne... En tout cas, à cet instant là, j'oublie trois semaines de pluie quotidienne. | ![]() |
|
![]() |
||
![]() |
||
Retour![]() |
||